
Le Tour de France 2025 s’est élancé de Lille. Pascal Sergent, collectionneur passionné et acteur incontournable du milieu cycliste régional, nous parle de ses projets d’exposition, du futur musée consacré au vélo, de ses souvenirs marquants des précédents grands départs et de son regard sur les champions contemporains, notamment Tadej Pogacar. Une interview entre mémoire, émotion et projections d’avenir.
Votre exposition poursuit sa route. Où pourra-t-on la découvrir prochainement ?
Pascal Sergent : A Roubaix… Même si la ville n’accueille ni étape de départ ni d’arrivée, elle a participé à l’événement à travers plusieurs animations.
Vous avez évoqué récemment un projet plus ambitieux autour du musée. Est-il en bonne voie ? Pascal Sergent : Oui, les choses avancent bien. Il y a une vraie volonté politique derrière tout cela. Damien Castelin, Président de la MEL, et Guillaume Delbar, Maire de Roubaix, ont convenu de développer un espace muséal dans le Parc des Sports. Ce sera un lieu entièrement repensé, avec un aménagement global, qui racontera l’histoire du vélo, de Paris-Roubaix, et plus largement du cyclisme régional. Il est probable que certains objets issus de ma collection y trouvent leur place.
Vous avez connu plusieurs Grands Départs dans la région. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Pascal Sergent : Il y a eu deux grands départs à Lille, en 1960 et en 1994. En 1960, j’étais très jeune, deux ans à peine. Mais j’ai entendu de nombreux récits d’anciens. Mon premier vrai souvenir marquant, c’est le prologue du Tour 1969 à Roubaix. J’y ai assisté. Ce jour-là, Rudi Altig, un grand spécialiste de la piste, avait battu Eddy Merckx. C’est resté gravé dans ma mémoire.
Et en 1994, à Lille ? L’ambiance était à la hauteur ?
Pascal Sergent : Complètement. C’était impressionnant. La place de Gaulle était noire de monde. Sur le boulevard de la Liberté, on voyait des spectateurs sur plusieurs rangs. Il y avait une ferveur incroyable. Chris Boardman avait remporté le prologue avec une moyenne de vitesse exceptionnelle. Un moment historique pour la ville.
Parlons de Pogacar. Où le situez-vous dans la hiérarchie des grands champions ?
Pascal Sergent : Je me méfie des comparaisons entre générations. Eddy Merckx, Bernard Hinault, Tadej Pogacar : chacun a dominé son époque. Pogacar est, aujourd’hui, le meilleur. Il a un talent hors norme, il sait tout faire, et surtout, il gagne depuis très jeune. Son ascension n’est pas soudaine : il a remporté le Tour de l’Avenir très tôt, il progresse chaque année.
Malgré cela, certains doutent encore de lui. Que leur répondez-vous ?
Pascal Sergent : Il y aura toujours des soupçons. Mais Pogacar, on l’a vu très tôt sur les courses juniors, notamment à Paris-Roubaix. Il a toujours été au-dessus. Cette année, pour sa première participation à Paris-Roubaix chez les pros, il termine deuxième derrière Van der Poel.
Et la jeune génération française ? Êtes-vous optimiste ?
Pascal Sergant : Oui très. Lenny Martinez, Romain Grégoire, Paul Seixas, Paul Magnier, Kévin Vauquelin… Ils ont du talent, de la fraîcheur, et une vraie envie. On ne les verra peut-être pas encore sur le podium du Tour. Dans deux ou trois ans, certains joueront le classement général, j’en suis convaincu.
