Depuis cinq ans, le championnat de France de football vit au rythme des fiascos télévisuels. Ce qui devait être un nouvel âge d’or des droits TV s’est transformé en feuilleton chaotique, marqué par Mediapro, Amazon, DAZN et les querelles interminables avec Canal+. Avec le lancement de Ligue 1+, la LFP joue sa dernière carte pour retrouver stabilité et crédibilité, et le succès est fulgurant dès les premières semaines.
En 2018, la LFP croit avoir décroché le jackpot : Mediapro promet un contrat record pour la période 2020-2024. Mais l’illusion s’effondre en quelques mois. La chaîne Téléfoot cesse de payer, laissant un trou béant et les clubs en pleine désillusion. Pour sauver les meubles, Amazon arrive à l’été 2021 avec son “Pass Ligue 1”. Un succès relatif : si l’offre est accessible, les revenus restent très en deçà des promesses initiales. En 2024, c’est la plateforme britannique DAZN qui prend le relais, avec l’ambition de s’implanter durablement dans le foot français. Mais l’espoir est rapidement douché : tarifs contestés, problèmes techniques, difficultés financières… Au terme d’une seule saison, la plateforme se retire en mai dernier, à la fin de la saison 2024-2025.
Ligue 1+, des débuts tonitruants
Face à ces échecs répétés, la LFP n’a plus d’autre choix que de devenir son propre diffuseur – ce qu’elle aurait d’ailleurs dû faire dès l’été 2024, au lieu de croire en un nouveau miracle financier avec une vente des droits à un nouveau diffuseur aux poches pleines. Depuis la mi-août et l’ouverture du championnat 2025-2026 avec Rennes-Marseille, la nouvelle chaîne Ligue 1+, créée par la LFP, diffuse huit matchs sur neuf chaque journée (le neuvième étant sur beIN Sports), avant de proposer l’intégralité des championnat à partir de 2026. Un modèle hybride, distribué via Prime Video, Molotov, DAZN et les opérateurs télécoms comme Orange, SFR, Free, Bouygues, qui doit assurer à la Ligue plus de contrôle et de visibilité sur son produit.
Le succès est immédiat avec plus de 600 000 abonnés dès la 1ʳᵉ journée de championnat. La stratégie est claire : un positionnement centré sur les supporters et un tarif accessible à 14,99 € par mois, voir moins pour certains distributeurs et hors l’offre de lancement à 9,99 €/mois. Un prix nettement plus compétitif que celui des prédécesseurs. Ce résultat dépasse largement les performances de l’ancien diffuseur, qui avait mis plusieurs mois à atteindre un niveau similaire. Le football français s’offre ainsi une vitrine inédite, avec un lancement qualifié d’historique.
Au-delà des chiffres, cette saga des droits TV montre que la Ligue 1 a longtemps surestimé son attractivité, que les supporters ont été ballotés d’une offre à l’autre, et que la LFP assume désormais le rôle de diffuseur. Le pari reste risqué car il faudra atteindre rapidement le million d’abonnés, lutter contre le piratage, pérenniser le modèle et garantir des revenus décents aux clubs, qui dépendent toujours de cette manne financière.
Après tant de désillusions, l’échec n’est plus permis. Pour les clubs, pour les joueurs, et surtout pour les supporters, Ligue 1+ doit réussir.
Photos Laurent SANSON
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